lundi 13 août 2012

Le conte de la famine


Il était une fois un pays lointain coupé de toute influence étrangère. La population existante cultivait et chassait à peine de quoi survivre. Ces dures conditions de vie faisait que la mortalité était importante et du coup que la culture locale favorisait une natalité importante.

Un jour, un étranger arriva. Il était gentil mais bizarre. Et quand on lui fit goûter une boisson traditionnelle issue de la fève autrement immangeable du cocaoféton, il voulut en échanger le plus possible avec un métal incomestible qui brillant joliment mais qui n'avait aucune valeur parce qu'il était trop mou pour faire quelque outil. On rit beaucoup de la naïveté de l'étranger: le cocaofétonnier était une plante sauvage que personne ne cultivait, et qui était quasiment inutile (à l'exception de ses fèves) pour l'alimentation humaine ou animal. Et les fèves il suffisait de se baisser à la bonne saison pour les ramasser. Parce qu'il avait bien fait rire les indigènes, on renvoya l'étranger chez lui avec tout le cocaoféton qu'il pouvait porter.

Trois ans plus tard, l'étranger revint avec un autre étranger. Le premier proposait toujours d'acheter du cocaoféton avec des rondelles de métal, mais surprise! l'autre étranger acceptait de prendre ce métal inutile en échange de nourriture! Les premiers échanges furent juste inités par jeu, mais rapidement, on s'aperçut que la nourriture obtenue par la vente du cocaoféton faisait un bon complément au régime local.

Comme le cocaoféton ne se conservait pas d'une année sur l'autre, on s'aperçut vite que l'échange contre du métal permettait de s'assurer d'une réserve permanente de nourriture, du moins, tant que l'étranger qui prenait de l'or (nom de l'étrange métal) contre de la nourriture était là...


Et puis, l'idée vint de ne pas juste aller ramasser les fèves tombées, mais de les cueillir sur l'arbre. Voire même de planter ces arbres afin d'avoir plus de fèves à échanger. On se mit donc à cultiver du cocaoféton. Même si la fève ne nourrissait pas l'homme, il suffisait de l'échanger contre de l'or, puis l'or contre de la nourritude!!!!

D'autres acheteurs vinrent pour le cocaoféton: tout le monde semblait fou, et voulait boire cette nouvelle boisson. On donna de plus en plus d'or pour la même quantité de fèves, donc, de plus en plus de nourriture pour le même travail!!!

Logiquement, beaucoup d'indigènes décidèrent de planter du cocaoféton au lieu de leur agriculture traditionnelle vivrière et tant pis si l'arbre prenait cinq ans pour arriver à mâturité. on abattit la plupart du bétail pour planter plus encore. La forêt qui permettait de chasser et de cueillir fut rasée pour pouvoir planter des rangées et des rangées de cocaofétonniers.

On fit des sélections naturelles pour que les plantes génèrassent plus de fèves, résistassent mieux aux insectes... Et toujours un étranger achetait la production et un autre vendait de la nourriture.

Puis un jour, la demande atteignit un sommet, les plantes fragilisées par des générations de sélection tombèrent malades, des plants furent plantés dans un autre pays où elles prospérèrent...

L'étranger voulait toujours du cocaoféton, mais il payait moins. Et la nourriture ne chutait pas en proportion. Les petits producteurs durent vendre leurs terres pour survivre à des producteurs un peu plus gros et argentés qui purent ainsi diminuer leur coût de production.
Mais les prix continuait de chuter et les indigènes s'arrachaient les cheveux de voir que la tonne de cocaoféton (qui était maintenant côtée en bourse dans un pays lointain, si lointain) ne pouvait plus les nourrir.

Les fortunes amassées pendant les années fastes furent dépensées pour acheter de la nourriture: on avait oublié comment planter les cultures locales qui nourrissaient correctement le peuple indigène auparavant. La poursuite de la natalité importante conjuguée à la nourriture constante avait fait exploser la démographie du pays, aggravant d'autant le manque de nourriture quand les cours s'effondrèrent...

Puis vint un jour où il n'y eu plus d'argent pour acheter la nourriture, où les terres plantées de cocaoféton furent possédées par l'étranger, et où la population dût décider d'émigrer ou mourir de faim...

Les familles se cotisèrent pour payer des passeurs et envoyer leurs enfants à l'étranger. Et quand elles n'avaient rien, les candidats à l'émigration essayaient quand même. En attendant l'aide de l'émigré, si elle arrivait un jour! les familles se démenèrent, vécurent difficilement et eurent beaucoup de petits décès...